La Poésie
La poésie au cœur des symboles et des archétypes.
La poésie s’est imposée à moi, comme un médium pour exprimer mon vécu. La plupart des poèmes publiés sont écrit d’une traite sans le décider et le plus souvent il n ‘y a aucune retouche. Ce n’est moi qui décide d’écrire… je suis traversée et les mots tombent, grâce ultime.
Les premiers poèmes font partis d’un recueil publié aux Editions Hugues Facorat en 2014, « les yeux de l’âme ». Un spectacle avait été créé à partir des poèmes, j’étais accompagnée d’un guitariste.
L’arbre de vie
Quelque part je suis née
Quelque part dans l’enfant qui pousse
J’ai perdu mes désirs devant l’arbre de vie
Qui grimpe en ma mémoire
Je suis le vent
Je suis la feuille
Je suis la sève
Je suis le gland
Je suis la vague immense du chagrin
Qui surgit
Dans les yeux de l’enfant abandonné
Je suis le nectar du fruit mûr
Gorgé d’amour et de respect
Je suis les notes de musique qui résonnent dans les couloirs des écoles
Je suis le cerveau de l’homme qui pense
Je suis la nuit noire que soulèvent
Les peurs dans les forêts tropicales
J’avance à pas de loup
Pour reconnaître mes semblables
Je déclare la chasse ouverte à l’amour
Je suis la liberté qui ose se dire
Un soir au coin du feu.
Le vieux costume
Mon cœur dégèle
Derrière les barreaux du mensonge
Mon âme se courbe devant la glace
Peur de se voir
De se croiser
Un instant j'ai cru t'apercevoir
Reflet altéré de mon essence
J'ai joué avec le feu
Il m'a brûlée les ailes
L'odeur de la délivrance qui se dépose à mes pieds
J'ôte le vieux costume
Les yeux dans le ciel
Je vois le printemps
Les douleurs disparates des brûlures
Le long du squelette animal
Ma voix enfouie se réveille
Je suis libre
Encore blessée mais libre
Mon chant arrive
Je ne suis pas seule
Je porte le message des ombres
L'obscurité qui se baigne dans la lumière.
Je viendrai à toi
Je viendrai à toi
Naturelle
Des larmes sur mes cheveux de sel
Je creuserai devant toi un trou
Que je remplirai d’étoiles nues
Abondantes
Sur le fil de la vie
Elles savent bien
La fraicheur des matins isolés
Elles sont les tourments délavés
Comme des oriflammes
La beauté des pleureuses
D’aventures sauvages
O ma mémoire
Je t’élève jusqu’à la cime de la vague folle
Qui déferle sur ma vie
Guerrière de mes nuits
Le front taché des sueurs
Devant l’ampleur des épousailles
Traces profondes en mon sein
Femme disloquée en branle
A trouvé le chemin
Par ses pieds de menteuse
A su taire la vérité
Dans les flammes
Tout entière
Elle plonge
Et se lave
Sur son bras coule le sang de la vie
Dans ses mains la lumière jaillit
De son antre
Elle accouche
De son étoile moribonde
Sale
Puissante
Angélique terrienne
Sacrée
Contractée
C’est le cri de la vie
La déesse aux gros yeux
Qui sait tout
Et bondit sur les ordres impérieux
Elle n’a d’yeux pour la femme qui s’étend à ses pieds
Ronronne et défait son corsage
Pour mieux recevoir la griffe enfantée
De lumière
Laisse-moi là
A ma déviance
De Déesse
Laisse couler les flots
Ils arrivent
Solides
Comme des poings d’oiseau
La cabale dans le ciel me suit
Je promets de tout dire
Devant les lois protectrices
C’est le cœur qui aboie
Qui grogne
Et transpire
Se lève et court dans la nuit pour
Rejoindre le silence
Là où vit le ciel
Dans l’écume du jour.
Le choc
Le choc un instant
De mon reflet dans le miroir
Une femme aux cent visages
Aux mille voix
Qui se disputent
Le cœur amer déverse dans les eaux
Les non dits
Les mots que l’on tait pourrissent
Je pousse la porte
L’écho retentit dans la grange
Une odeur de vieilles herbes
Un rayon de soleil inonde la pièce
Je marche
Je descends
Je m’accroche au mur de cire
Mes mains sont petites
Je tais l’angoisse
Une rencontre au-delà du vécu
J’ai pris le train dans la nuit
Sans destination
J’ai franchi les barrières de la connaissance
Celle qui se voit
J’ai pris le risque de tout perdre
Et de me perdre
Une main derrière moi me tire
Je suis suivie de près par des êtres étranges
Qui connaissent mon nom
Je vole à leur côté
Je comprends leurs rites
Ils soulèvent le voile
Petite
Jamais je ne bois le verre de la joie
Je résiste
Dans mes cahiers j’écris « non »
Un amour déchu
Et incomplet
S’est emparé de moi
J’ai cru à l’ombre de moi
Pâle étoile de mon cœur
Un mort a vécu à l’intérieur
Longtemps
Dans la crainte de n’être pas vivant
J’ai poussé aux seuils des ravins cette mort
Jamais je n’ai voulu la perdre
Elle m’appartenait
Fébrile et gémissante
Elle m’accompagnait
Sur les trottoirs de la vie
Une histoire d’ombre
Une histoire d’amour
Une histoire d’être
Les mains dans le sable
Et le soleil dans les yeux
Je disperse les cendres
De l’ancien jeu
Je brouille les pistes
Au cas où quelqu’un voudrait s’emparer de moi
Maintenant que se révèle
Mon nouveau visage
J’écris dans la marge
Mon nom en lettres capitales.
Mon corps sage
Mon corps sage
Ne vois-tu pas l’orage
Sur les dunes là-haut
N’entends-tu pas le tonnerre
Dans le ciel en haut
J’ai traversé la pluie
Comme une mendiante
Sans l’habit ni le sou
J’ai creusé la terre
A la recherche de l’or
J’y ai trouvé mon nom
Le véritable
Celui que je cherchais la nuit
Dans mon sommeil
Au pays des grâces
Et des lunes
J’étais l’hôte sans fortune
Choisie par l’esprit
Il a brillé sans relâche
Des millénaires
Pour donner son nectar d’azur
Pur comme l’étincelle divine
Un linceul
De merveille
Je l’ai pris comme une enfant
Je l’ai choyé comme une maman
Je l’ai aimé comme une servante
Et je l’ai honoré comme l’ amoureuse
Au sein de cristal
Au rire emporté
Et qu’importe les batailles
Sur les dunes là-haut
J’ai brandit l’étendard
De la vérité
Mes seins ouverts au partage
Sans nulle frivolité
J’ai connu la déchéance
De n’être plus soi
Le repos et la chance
De vivre mille fois
Mon visage immonde
Différent chaque jour
Porte au cœur de ses rides
La faiblesse et la foi
Car je ne suis que passante
Sur ces terres de sable
Pardonnez mes offrandes
Mes mains vagabondes
Ne savent que donner
Depuis le temps
Mes joues se sont creusées
Mes dents écartelées
Comme les vieux remparts retiennent les mers de feu
Elles salent les nuits de peine
Puis au réveil s’écoulent
Sur le ventre des mères
Qui marchent en cadence
Le long des plages
Pas à pas elles vont elles viennent
Elles promettent la victoire
Au cœur des femmes
Guerrières de la paix
Unies dans la liberté.